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 Le combat d'Oösram le Errant Chapitre 2

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Grombrîndale

Grombrîndale

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Date d'inscription : 06/12/2018

Le combat d'Oösram le Errant Chapitre 2 Empty
MessageSujet: Le combat d'Oösram le Errant Chapitre 2   Le combat d'Oösram le Errant Chapitre 2 Icon_minitimeDim 9 Juin - 21:12

Alors je vendis l’anneau familial qui avait été porté au combat par mes ancêtres depuis dix-huit générations… Je n’ai eu guère de mal à trouver un petit commerçant suffisamment malhonnête pour en acheter.

-C’est du bon or… on peut dire que les anciens savaient y faire. Hu Hu Hu !
O-Combien ?
-L’or est bon, mais il est dangereux d’acheter à un Errant… je t’en propose huit cognes d’argent.
O-C’est du vol ! Il vaut dix fois ce prix !
-Hé Hé ! Je pourrais aussi garder l’anneau et te dénoncer pour recel !
O-( Frappant sur le comptoir ) Et moi, je pourrais simplement t’étripailler !
-Doucement, le torche-grognars !

Le malfrat avait deux nains de mains à sa botte, deux grands costauds, mais aussi deux grands idiots, je ne mis guère longtemps pour les mettres tous deux à terre.

-( Effrayé ) Ca...Calme-toi ! On est entre poilus intelligents ! Voilà douze cognes d’argent ! Je me saigne mais je veux pas d’histoires !

Douzes pièces d’argent… l’anneau sacré d’une lignée de plusieurs siècles contr douze malheureuses pièces ! Mais ce n’était pas le plus grave… Non seulement j’avais commis un crime passible de la peine de mort, mais en plus, en cassonnant ces deux pets-de-troll, j’avais donné une bonne raison au receleur de me dénoncer…
J’avoue avoir pensé revenir dans sa turne et finir ce que j’avais commencé. Pourtant je ne le fis pas, toutes ces années m’avaient changé, elles avaient fait de moi un courtard tout juste capable de tordre le cou d’une poularde… Je n’étais plus un guerrier, pas même un poilu… juste un sans-ordre… un Errant.
Au retour, nous avons contourné la route au bord de laquelle tous ces malheureux sur leur croix devaient être en train de se faire becter par les charognards… À mesure que nous nous éloignions de Forgefer, j’avais la tripaille qui se dénouait, et même si le receleur me dénonçait, je n’étais qu’un Errant.
Cette histoire de taxes n’était déjà plus qu’un mauvais souvenir, les guerres finiraient bien un jour ou l’autre, sinon, j’irais vendre mes bêtes ailleurs… Pour l’huile, les noyers que j’avais greffés ne donneraient pas avant trois ou quatre ans mais en attendant je voulais faire pousser du tournesol. J’en avais acheté suffisamment de graines pour un carreau de bonne taille. Et pour passer l’hiver, l’année suivante je comptais faire venir du blé noir ainsi, nous serions à l’abri de la famine même si les semailles du printemps étaient mauvaises.

G-’Pa, un chariot !
O-Viens, laisse-les passer !
G-C’est gigantesque ! Qu’est-ce que c’est ? J’ai déjà vu ce symbole…
O-C’est un convoi blindé, et vu ses gardes, il doit être important. Quant au symbole, c’est celui de l’ordre des Marteaux-Hardis. Ce sont des chevaucheurs de griffons, de notre peuple, ce sont aussi de grands alchimistes et des médecins…
G-Maman dit que c’est le deuxième ordre de puissance derrière les Barbes-de-Bronze.
O-Possible, mais en vérité, tous les ordres sont dépendants les uns des autres, ainsi l’ont voulu les anciens.
G-Les autres ordres sont dépendants de nous aussi ?
O-Nous travaillons la terre, nous les nourrissons.

Jassen avait décidé de bâtir sa maison à deux jetées de pierres de mes terres, il pourrait me donner un coup de pogne au moment des moissons et Dröh serait bientôt un solide poilu. J’étais impatient de rentrer lorsque…

G-Jassen ! C’est Jassen ! Il court vers nous !
J-OÖSRAM, GAË, VENEZ VITE ! CE SONT LES PETITS, ILS SONT MALADES !

Je ne perdis pas une seconde après avoir entendu les dires de Jassen, nous nous sommes rués jusqu’à la chambre de mes enfants.

J-Ils sont dans la chambre ! La chavette est avec eux !
O-EDALAÏ ! Comment vont-ils ?
E-Oösram !! Vous êtes revenus !
-Tes marmouses ont la fièvre rouge, Oösram, et j’ai bien peur que mes remèdes ne soient insuffisants.
O-Tu dois les sauver, chavette.
-Je donnerais mon sang pour eux, mon poilu, tu le sais, mais là, ils sont entre les mains de Khaz’Goroth, lui seul peut les aider.
O-C’est faux, chavette, Khaz’Goroth n’est pas le seul à pouvoir les soigner.
E-De quoi tu parles ?
O-En revenant, on a croisé un convoi des Marteaux-Hardi, des vénérables de haut rang, ils sauront quoi faire !
E-DES VÉNÉRABLES ?! Ils ne nous aideront jamais !
O-Je ne leur laisserai pas le choix ! ( montant sur mon bélier )
E-Ils te tueront ! Ne fais pas ça ! Oösram ! Je t’en supplie, reviens !

Je savais que jamais un vénérable de l’ordre des Marteaux-Hardi n’accepterait de sauver mes marmouses… Mais je ne pouvais pas supporter ma propre impuissance, je ne pouvais pas les regarder agoniser sans rien tenter. J’avais la tripaille et la caboche en feu, tout ce que j’avais bâti depuis mon exil s’effondrait. J’étais prêt à entrer en guerre si ça pouvait sauver mes enfants. La nuit était tombée, j’arrivais au petit camp où les nains s’étaient arrêtés pour bivouaquer, toujours protégés par leurs gardes.

-Halte ! Qui va là ?
O-Je dois parler aux vénérables ! C’est important !
-Dégage !
O-Vous ne comprenez pas !
-Nos anciens n’en ont rien à torcher de tes histoires.

Un des vénérables s’approcha alors.

-Attends, Gargën… je veux entendre ce que ce sans-ordre a à me raconter.
O-Mes marmouses… ils ont attrapé la fièvre rouge. Ils vont mourir si vous ne les aidez pas !
-Et en quoi cela regarde les intérêts des Marteaux-Hardi, Courtard ?
O-Ils n’ont jamais rien fait de mal ! Ils ont le droit de vivre autant que les marmouses d’un autre ordre.
-Rien n’est gratuit, même toi, tu dois le savoir.
O-Je vous donnerai tout ce que je possède si vous les sauvez !
-Et que possèdes-tu qui puisse justifier que je perde mon temps à soigner tes pisse-lait ? Des cochons ? Du blé ? C’est une insulte à notre art ! Tu ferais mieux de partir !
O-Attendez ! Vous venez de Forgefer ? J’ai servi notre défunt roi Courbenclume, j’ai combattu pour lui et même gagné une guerre en son nom !
-Et quel est ton crime pour avoir été exilé de ton ordre et de ta citadelle ?
O-Je…
-Cela suffit ! Va-t’en, mange purin ou on t’étripaille !
O-MES MARMOUSES VONT MOURIR !
-ET LE RAGOÛT VA ÊTRE FROID, FURAR !
-Gardez-moi un morceau au chaud, mes poilus… j’arrive. Quant à toi, tu dois comprendre une chose… il est nécessaire pour notre peuple qu’une partie des pisses-lait des Errant meurent. Comme pour toute vermine, il faut une régulation, il s’agit d’une loi naturelle !

Et dire que c’étaient des propos que j’avais moi-même tenus à une autre époque… pourtant à ce moment là, ils étaient pour moi insupportables.

-J'espère que vous m’avez laissé un peu de ragoût, mes poilus, sinon je vais vous tanner la peau du joufflu pour m’en faire une paire de moufles.
O-(Sortant une dague,ivre de rage, et me ruant vers le trollar) RAAAAAAHH !!
-Hé ! Attention !
-Arrête ! Viens par là !
-Eloignez ce trollar enragé !
O-LÂCHEZ-MOI ! Hug ! (une flèche perça dans mon gras)
-Abattez-le !

Une autre flèche dans l’épaule me fit tomber en arrière, je dégringola d’une pente où je finissait au bord d’un ruisseau.

-Vous croyez qu’il a calanché ?
-Avez deux flèches dans la tripaille et un saut de l’ange d’une bonne jetée… faudrait qu’Khaz’Goroth l’ait à la bonne…
-Faudrait p’têt aller vérifier…
-Oubliez-le… S’il n’est pas mort, il le sera demain matin.

Parfois il est plus facile de mourir que de vivre… c’était pas la brûlure du fer planté dans ma tripaille qui était insupportable… depuis que j’étais marmouse, j’avais appris à ne plus craindre ce genre de petites misères. Mon père et mon grand-père y avaient veillé avec acharnement…

O-( Attrapant mon bélier, blessé ) Hgg… Ramène-moi à la maison, mon gros…

Mais aucun de leurs coups n’aurait pu me préparer à affronter l’agonie de mes enfants… Mes veines semblaient charrier du beurre rance, tout mon corps était pris de tremblements, et ce fichu soleil qui me lardait la caboche à grands coups de pique à viandar ! Je n’arrivais même plus à savoir si j’avais froid ou chaud. C’était toute la mécanique qui se grippait… j’avais vu assez de poilus calancher pour savoir ce qui m’attendait…

O-Frïa… Dröh.. ‘Pa arrive…… ( tombe du bélier ) Hggg… Pardonnez-moi… Pour tout le mal que je vous ai fait…

Je sombrai en torpeur peu à peu, pensant que mon heure était enfin arrivée, mais il n’en était rien, je me suis finalement réveillé dans mon lit, mes blessures étaient pansées et j’entendais la voix de l’un des doyens de nos voisins Errants, je sortis alors et vis tous le monde rassemblé devant une pierre.

-Entre les mains bienveillantes de Khaz’goroth… l’argile nous a donné chair. Elle nous a arrachés aux ténèbres… elle nous a permis d’apprendre l’amour, le partage… Frïa était jeune, pourtant grâce à vous, ses parents, ses amis, elle connaissait l’amour. Frïa était pleine de vie, cette vie qui, bien que trop courte, aura éclairé notre communauté. Nous n’oublierons jamais sa gaïeté, son insouciance, sa compassion, et son courage. Elle était votre fille, elle était aussi la nôtre et celle de Khaz’Goroth. Frïa continuera à vivre en nos coeurs et en nos enfants jusqu’à la fin des temps. Khaz’Goroth donne et reprend, pourtant chaque destinée à sa raison, chaque joie, chaque souffrance est à sa juste place en ce monde. Il n’est pas question ici de justice, mais bien de destinée…
E-Frïa était trop faible… elle est partie sans souffrance.
-Ce qui vient de la terre doit retourner à la terre… Nous étions argile et nous redevenons argile.

Je pleurai toutes les larmes de mon corps devant la tombe de ma petite Frïa, elle ne s’en était pas sortie, je resta sur place tard dans la nuit alors que tout le monde était parti. Edalaï vint finalement me voir.

E-Tu ne devrais pas rester ici, il fait froid et tu es encore faible. Bois un peu de soupe, Oösram. C’est Gaë qui l’a faite. Elle est devenue meilleure cuisinière que moi, tu sais. Goûte-la. Pour elle, pour nous tous. Ton fils recouvre ses forces, il à ta constitution… Quant à tes blessures, la chavette a dit que tu avais eu beaucoup de chance, les flèches n’ont atteint aucun organe… C’est le boulieu qui t’a trouvé sur le chemin, à côté de ton bélier, c’est une brave bête, elle a empêché les vautours de te becter. C’est ma faute, Oösram… j’aurais dû leur interdire d’aller taquiner la grenouille du côté du Loch en cette saison. Pardon ( sanglotant puis repartant ensuite vers la maison ).

Rien n’était de ta faute, Edalaï, mon amour… rien. J’étais le seul fautif. Si je n’avais pas volé cet or… si je n’avais pas été un cognar égoïste… j’étais responsable de la mort de notre Frïa. Et la douleur qui m’enflammait la tripaille n’était rien comparé à la brûlure de la culpabilité qui me tire-bouchonnait l’âme. Cette souffrance avait réveillé mes vieux démons. J’avais le goût du sang dans la bouche… comme avant chaque bataille.

Le lendemain, à l’aube.

G-Papa n’est pas rentré, hier soir ?
E-Non, il est resté toute la nuit sur la tombe de ta soeur.
J-Hé ! C’est quoi ce bruit ? Des pas ?
G-On dirait des cavaliers…
-( Ouvrant la porte violemment ) SERVICE DU ROI, NOUS RECHERCHONS LE PROPRIÉTAIRE DE CETTE FERME ! IL EST ACCUSÉ DE RECEL ET DE VENTE D’OR ! Toute résistance sera considérée comme un acte de rébellion, Usur, rappelle-leur que est le châtiment pour un tel crime.
-Beh, ça dépend si la bavette est jouasse ou non ! Hu Hu Hu !
G-C’est absurde ! Vous devez faire erreur !
-FORGEFER NE FAIT PAS D’ERREUR !
G-Si nous avions de l’or, vous croyez qu’on vivrait ici ? Laissez-nous tranquilles !
-Celle-ci aurait besoin qu’on lui explique quels sont ses droits !
-Je devrais l’amener dans une chambre, je suis sûr qu’ils seraient plus coopératifs.
J-(Prenant un tisonnier, et frappant ensuite) LÂCHE-LA, FACE DE TROLLAR !
-Ouf ! ( bousculé )
-TU VAS REGRETTER TON GESTE, TORCHE-GROGNARS ! LONGTEMPS ET DOULOUREUSEMENT...

Jassen avait bouté les gardes hors de ma maison, mais il ne tiendrais pas longtemps face à la dizaine d’autres, alors j'entrai en scène, muni de ma hache.

O-Je suis le chef de cette famille, et j’ai une déclaration à faire !
-Une déclaration ?
O-Oui… Je déclare la guerre aux trois ordres dominants. Une guerre à mort.
-EMPAREZ-VOUS DE LUI, TUEZ TOUS LES AUTRES ET BRÛLEZ-MOI CETTE PORCHERIE !

J’étais né… et j’avais été façonné pour me battre et pour vaincre. Toutes ces années n’y avaient rien changé… Alors que je regardais les corps autour de moi… je sus que mon combat était juste…

G-Tu… Tu les as tous tués…
E-Que va-t-on faire, maintenant ?
O-Nous allons relever la tête, Edalaï…

Je sus également qu’il me faudrait tout lui sacrifier.

G-Mais où on va aller maintenant ? On ne peut pas passer notre vie à fuir…
O-Je...

Dans le feu de la révolte, je n’avais pas pensé aux conséquences de mes actes. Je pris alors conscience que je venais d’entraîner ma famille dans une existence sans lendemain.

E-Gaë, tu vas venir m’aider à rassembler des vêtements et les affaires dont nous aurons besoin pour le voyage, nous sommes des Errants, pas des va-nu-pieds ! Et je ne laissserai pas non plus notre vaisselle, il me faudra des malles !
J-Je vais aller récupérer un chariot à la ferme de mon père, il est vieux, mais l’essieu est encore solide.
G-Tu viens avec nous ?
J-Evidemment ! Comment peux-tu en douter ?
G-Je t’aime ! ( Se jetant dans les bras de Jassen )
D-Moi, je fais quoi, papa ?

Je compris alors que je pouvais avoir confiance en eux, plus encore, je pouvais m’appuyer sur eux. J’avais été dans l’erreur toutes ces années, avoir une famille n’était pas une faiblesse, c’était là même ma plus grande force.

O-Très bien, écoutez-moi tous, on va atteler les deux chariots aux grognars, on va y entasser nos réserves de grain et tout ce qu’on pourra emporter. On va aller sur les hauts plateaux, en Arathie. Là-bas, même ceux de Forgefer y réfléchiront à deux fois avant de venir fureter.
J-J’ai un oncle qui vit dans un des vals, un frère de ma mère, il pourra nous accueillir.
D-Et moi,’pa ! Je fais quoi ?
O-Toi, tu vas donner aux cochons une double ration et après tu m’aideras à charger notre chariot en attendant le retour de Jassen. Il faut que nous ayons quitté la ferme avant la nuit !

Autrefois, les généraux coulaient leur navire une fois arrivés sur les terres à conquérir… car pour eux, comme pour nous, désormais, il n’y avait plus de retour en arrière possible. La seule chose que nous laissions véritablement derrière nous était la tombe de notre enfant. Sa dépouille resterait là, sur la terre qui l’avait vue naître. Mais son âme, elle, nous suivrait à travers notre exil… à travers notre combat.
Le Nord, les Hautes Terres d’Arathie, de vastes plateaux d’herbes éparses et desséchées par un vent encore plus obstiné qu’un viandar affamé… on dit qu’il faut être né sur ces terres pour y vivre, ou être un sacré cabochard. Nulle montagne ici où planter sa citadelle un sol sableux acide dont le seul trésor se cache profondément en son sein. une tourbe noire qui peut être utilisée comme fertilisant ou comme combustible… rien de très excitant pour un poilu.
La rudesse du climat et la pauvreté des ressources expliquent qu’aucun roi n’ait jamais vraiment régné ici, la plupart ont même renoncé à percevoir l’impôt. Les questeurs et leurs gardes ayant la fâcheuse tendance à disparaître…
Les nains des hauts plateaux sont aussi pressés d’étripailler le premier qui leur manque de respect que le vent l’est à recouvrir les corps, des irrespectueux… et beaucoup d’entre eux pensent que leur demander de payer un impôt pour un roi lointain est manque de respect. Ici, ma famille serait en paix.
On nous a fait clairement comprendre que nous étions des étrangers, et être un étrangers était à peine mieux vu qu’être un questeur.
Pourtant, Brerchaï, l’oncle de Jassen, accepta de nous accueillir chez lui, ça ne lui faisait pas plaisir, il ne se priva pas de nous le faire savoir, mais ce soir-là nous aurions un toit et un repas. Les deux fils de Brerchaï étaient partis chercher une épouse dans un val voisin où les poilus faisaient défaut à cause des attaques de viandars. Ce n’était ni la place ni le travail qui manquaient.

B-Alors comme ça, vous venez des plaines, et ceux de Forgefer en ont après toi et ta famille…
O-J’ai revendu de l’or et ils l’ont appris… j’ai dû les passer au fil du tranchoir.
B-Tu es un idiot pour avoir fait ça, je veux parler de l’or. Pour ce qui est d’étripailler ceux des Barbes-de-Bronze, c’est plutôt honorable.
O-J’avais mes raisons. Vas-tu nous aider ?

Même s’il n’en disait rien, je devinais que Brerchaï occupait un place importante dans ce val. Il me fallait avoir son approbation pour rester.

B-Ce n’est pas à moi seul de décider, je vais devoir rassembler le conseil. En attendant, ce soir vous dormirez ici. Demain, vous pourrez aller dans la ferme des Rataï, elle est abandonnée depuis la saison dernière, mais elle reste habitable.
D-Ils sont partis ?
B-Ici, dans les hauts plateaux, on ne quitte pas sa terre, on meurt pour la défendre. Elle est proche de la bordure. Des viandars se sont introduits dans le val et ont ravagé une douzaine de fermes avant qu’on parvienne à les arrêter…

Le lendemain, nous nous sommes remonté les manches… Il y avait moins d’une saison que le bâtiment et les plantations étaient à l’abandon, mais la terre était envahie d’un liseron aussi résistant que de la maille d’acier et un violent ouragan avait arraché une partie de la toiture.
Il était trop tard pour planter de l’avoine ou du blé, sans parler du tournesol, quant au maïs, il n’était pas adapté aux sols de cette région. Mais il était encore temps d’avoir une récolte de blé noir, ainsi que des topinambours et des betteraves pour nourrir les grognars...
En huit jours, nous avion fait les semailles, le toit n’était plus une passoire et l’oncle de Jassen nous avait cédé une partie de ses surplus de tourbe. Nous devions nous en remettre à Khaz’Goroth désormais. Si les gelées étaient trop précoces ou que nos variétés ne se plaisaient pas ici. il faudrait vendre une partie de mon troupeau pour passer l’hiver et pouvoir replanter à la belle saison. Mais la vie avait presque repris un cours normal, ce qui était d’autant plus douloureux sans ma fille à nos côtés.
Dix jours après notre arrivée, Brerchaï m’a demandé de l’accompagner au conseil, il y avait là une trentaine de chefs. Certains étaient de ce val, mais beaucoup venaient de plus loin pour entendre ce que j’avais à dire.

O-Je ne suis pas là pour m’inventer une nouvelle vie, chacun à un destin et après avoir longtemps refusé le mien, je sais désormais qu’il est de combattre ceux pour qui, autrefois, j’ai vaincu tant d’ennemis…
-La guerre… il y a eu bien des révoltes avant toi, et chacune a fini écrasée dans le sang.
-Darcheïx a raison, Oösram de Forgefer,les rois ont des guerriers, des armes, ils sont puissants. Nous, nous n’avons que des arbalètes de chasse, des pelles, des pioches et des haches à leur opposer.
O-Une hache d’abattage peut tuer tout aussi bien un courtard qu’un tranchoir de guerre. En moins d’une saison, je peux faire d’un gratte-sol un combattant capable d’en remontrer à ceux des Barbes-de-Bronze. Puisque vous connaissez mon nom, vous savez que je ne mens pas.
B-Tu as été un grand général, Oösram de Forgefer. Oui, nous savons qui tu es, c’est pourquoi certains sont venus de loin pour t’entendre. Mais pourquoi choisirions-nous de nous révolter alors nous pouvons vivre confortablement à l’écart de la politique des rois ?
O-Parce que cette même politique, un jour ou l’autre, décidera d'abroger vos maigres privilèges. Les rois découvriront peut-être que vos femmes méritent les outrages d’une caste supérieure. Peu importe le prétexte, ils en trouveront un ! Croyez-moi, je faisais partie de ces trollars, autrefois, je les connais ! En voulant éviter la guerre au prix du déshonneur, vous aurez le DÉSHONNEUR ET LA GUERRE… Je vous offre les moyens de combattre à armes égales et de gagner le droit d’exister en tant que quatrième ordre !
-Comment comptes-tu t’y prendre ?
O-Il y a les récoltes et les culs-bleus ! Nous avons besoin de nos jeunes. Sinon comment ferions-nous pour nourrir une armée sans même parler de nos familles ? Que chaque village d’Errants m’envoie un de ses fils, monté sur un bélier déjà débourré. Je lui enseignerai l’art ancien de nos ancêtres colons, je ferai de sa pelle, de sa pioche, de sa hache ou de son maillet une arme que Forgefer apprendra à craindre ! Il pourra revenir chez lui avant la mauvaise saison et l’enseigner à ses frères, à ses pères, à tous ceux qui voudront combattre à nos côtés. Et au printemps prochain, nous aurons une armée !

Peu après, le conseil me demanda de me retirer afin de parler de tout ceci.

J-Tu crois qu’ils diront oui ?
O- Je sais quand un courtard est prêt à se battre.. Et ils sont prêts, crois-moi.
B-( Marchant vers nous ) Demain à l’aube, des messagers quitteront le val pour répéter tes mots et nous verrons combien répondront à ton appel.
O-Entendu.

Depuis le conseil, chaque jour, de nouveaux poilus arrivaient. Brerchaï les avait réunis dans un val inhabité plus au nord, il s’agissait autrefois d’un lac salé qui s’est asséché.

D-’Pa ! ‘Pa ! Il en arrive d’autres encore ! Plus que les doigts d’une pogne ! Alors, ‘Pa ? Cette fois-ci on y va ? On part ? T’avais promis !
J-Oösram ?
O-Dröh a raison, je ne peux plus reporter mon départ.

Il avait été convenu que chaque fermier donnerait une partie de sa récolte pour les nourrir eux, ainsi que leurs bêtes. C’était un grand sacrifice pour ces poilus qui suaient sang et eau pour faire pousser une maigre récolte. J’avais demandé à Jassen de rester avec ma femme et ma fille, et de s’occuper du troupeau et des récoltes. J’avais promis à Gaë et à son poilu de les marier dès mon retour.
Dröh vint avec moi, Edalaï était contre, mais j’avais besoin de mon fils à mes côtés, elle avait fini par comprendre car même si c’était à contrecoeur, elle avait cédé… Heureusement, elle ne m’avait pas demandé plus d’explications, j’aurais été incapable de lui dire ce que j’avais sur le coeur. A travers notre fils, c’était une partie de moi que je comptais lui laisser quand j’aurais calanché On ne gagne pas une guerre contre Forgefer, on peut remporter une bataille, mais on ne peut le vaincre.
Pourtant, tous devaient continuer de croire en notre combat, aujourd’hui et à jamais. Car cette espoir était la pierre d’achoppement sur laquelle l’unité de notre ordre, et, à travers elle, notre liberté pourrait se bâtir. Et ils étaient plus de trois cents à refuser de porter les chaînes… trois cents villages, dont certains bordant les confins de l’est profond.

D-Ils sont tous venus pour toi, papa ?
O-Ils sont venus pour partager un même rêve, fils. Celui d’être un jour libres.

Trois mois ont passé…

G-Maman ! Jassen ! Venez voi ! Il neige !
J-Cela fera pas de mal, les réserves d’eau étaient dangereusement basses.
E-Gaë ! Rentre, tu vas attraper la misère !
J-( Regarde le sol ) Des traces ! Un trollar est entré dans la remise ! Rentrez vous mettre à l’abri !

Jassen s’était armé d’une pelle, il s’approchait lentement et discrètement de la grange, prêt à tabasser l’intrus.

J-(Chargeant) YYAAAAaaa… ?!
O-Et ben, tu pensais me rosser l’échine avec ta pelle, Jassen ? C’est une manière de recevoir son futur beau-père ?
J-Oösram, Dröh… Vous êtes de retour ?

Nous nous sommes dirigés vers la maison, puis nous sommes entrés.

J-J’ai trouvé deux dangereux rôdeurs !
D-Maman !
E-Dröh ! Oösram !
G-’Pa !
E-Chaque jour, j’ai prié Khaz’Goroth pour que vous me reveniez en un seul morceau !
O-Tu n’avais pas à t’en faire, Dröh veillait sur moi.
J-Comment s’est passé l'entraînement ?
O-Certains ont été blessés, quelques uns ont abandonné. Mais la plupart sont repartis dans leur village pour enseigner ce qu’ils ont appris… Hé hé ! Demain, lever avec les poulardes, mon poilu, on a tout l’hiver pour faire de toi un véritable cognar !
G-Papa ! Tu oublies ta promesse !
O-Non, je n’ai pas oublié, mais ça m’a manqué de ne pas pouvoir te taquiner. On commencera à s’entraîner dans deux jours, parce que demain, Vous vous mariez !

J-OUAI !!!
G-OUI !!
E-Hein ?! Mais je n’ai rien préparé !

Et en moins d’une journée, tout fut prêt… on abattit un de mes plus beaux grognars et l’oncle de Jassen nous prêta sa grange et mit une barrique en perce. Bientôt les rires et les chants recouvrirent même le vent qui hurlait à l’extérieur...
Mais après toutes ces journées passées à entraîner des poilus, loin de ma famille et de la chaleur d’un foyer, j’étais sonné, comme si j’avais reçu un coup sur la caboche.

E-(Me tirant de ma chaise) Allez ! Viens, vieux grognon !
O-Héééééé !
D-Ha Ha Ha !
O-Je ne veux pas danser !
E-(Chuchotant à l’oreille) Joue le jeu pour ta fille, et cette nuit, nous jouerons une autre danse !

Comment refuser une telle offre ? Et puis si c’était pour ma fille… ma nuit avec Edalaï me fit un bien fou.

Suite et fin dans le chapitre 3
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