La Vie de Redwïn Brise-Fer

La vie de Redwïn Brise-Fer


Prologue: Redwïn est né en -212 avant l’Âge du Chaos, dix-huit hivers après le début de La Guerre des Trois Marteaux. Ce journal est un récit parlant des aventures de Redwïn Brise-Fer, il fut le premier Brise-Fer à unir différentes Runes en un seul objet et à en démontrer toute l’harmonie de leurs pouvoirs. Il possédaient même des talents lui permettant d’utiliser des Runes non-liées aux éléments

Je ne suis plus qu’une ombre perdue au milieu des ténèbres… comment j’en suis arrivé là ? L’orgueil…
L’orgueil m’a poussé à trahir ceux j’aimais, à trahir mon art…

- Seigneur Redwïn, le moment est venu de combattre…
- J’arrive...

Je suis devenu un étranger pour le pisse-lait que j’étais. il me faut désormais affronter mes démons.
La rédemption ou la mort.
Je le jure sur ce que j’ai encore d’honneur et d’amour propre… ce combat sera le dernier… mort ou victorieux, je ne combattrai plus.
Sauras tu me pardonner, père ?

Trente ans plus tôt, village de Kharanos.

J’étais à mon treizième hiver...
C’était une journée monotone où je travaillais à la forge de mon père, nous étions sur une de ses énièmes oeuvres d’art, une fleur aux pétales de bronze arborée par des gravures des Runes Flamboyantes.

- Sois attentif, Redwîn… utilise ta respiration pour rester concentré sur ton travail !
- C’est difficile de se concentrer, père, si tu répètes sans cesse la même chose !
- C’est pour que ça rentre dans ta caboche de marmouse.
- Je ne suis plus un marmouse, Ulrog… Je suis presque un poilu !
- Et j’en suis fier, mon gaillard...  mais en attendant, remets du bois pour faire cuire le dîner de ce soir. Et toi, Enïme, viens là m’aider !
- J’arrive !
- Tu tiens fort pendant que je fini de sertir le dernier pétale…
- Oui, maître Ulrog !
- J’ai entendu dire que le Thane Ordo voulait offrir un tranchoir à viandar à son petit fils… pour son entrée dans la garde.
- Un tranchoir ?
- Il payerait en or si tu acceptais !
- De l’or pour quoi faire, fils ?
- Pour acheter des choses ! On n’a jamais rien ici.
- Et de quoi on aurait besoin… Hein, Redwïn ? Tu ne manges pas à ta faim ? Tu as froid l’hiver ? Tu vas pieds-nus comme un traîne-misère ?
- Non, père…
- Je ne forgerai jamais d’arme. Je refuse que mon savoir faire soit mis au service de la mort et de la destruction…

Mon père posa la fleur de bronze devant la fenêtre et au contact des rayons du soleil elle s’ouvrit, puis , ses Runes gravées se mirent en harmonie et brillaient à sa chaude lumière.

- Regarde. Redwïn… Elle s’ouvre !
- Hum...
- Le grand art doit s’exprimer à travers la vie. L’utiliser pour étouffer la lumière de la création, c’est le pervertir et se pervertir soi-même.

Peu après lorsque nous avions fini le travail, je me suis éloigné à une demi-lieue du village afin de ne pas recevoir la visite de quelques visiteurs indésirables… mais c’était sans compter sur la présence d’Enïme.

- Tu fait quoi ?
- Lâche-moi les chausses, Enïme…
- Tu fais une cabane ?
- Non, je construis une forge…
- Pourquoi ?
- Pour pouvoir y forger ce que je veux.
- Je peux t’aider ?
- Ouaip… prends le panier et va me chercher de l’argile à la rivière.
- Ouiii ! On va faire une belle cabane pour jouer !
- C’est pas une cabane, c’est une forge ! Et c’est pas pour jouer.

Nous commencèrent la structure de la forge jusqu’à ce que les premières lueures du soleil se mirent à décliner.

- Il va falloir rentrer, ta grand-mère doit se faire du mouron.
- Pas quand elle sait que je suis avec toi !
- Tu as les joues toutes barbouillées de terre…
- Zut… ( se frottant le visage ) C’est mieux ?
- Pas vraiment… on va aller se nettoyer à la rivière. J’en profiterai pour relever les nasses.

J’avais mis tôt ce matin à la rivière des nasses de pêcheurs où on en servait pour attraper les écrevisses qui s’accrochaient aux pierres surélevées qui étaient prochent de la surface de l’eau.

- Wéééé ! Il y a plein d’écrevisses ! Miam… Tu m’en laisseras quelques-unes ?
- On fera moitié-moitié, tu la bien mérité !
- Je veux que tu me promettes de ne jamais parler de ma forge, ni à mon père, ni à ta grand-mère.
- Pourquoi, c’est un secret ?
- Oui.
- Tu veux forger des armes, c’est ça ?
- Cela ne te regarde pas, fouinette.
- M’appelle pas comme ça !

Nous achevons à peine notre marche vers le village que je vis le visage que je détestais le plus de toute ma vie, il était accompagné de deux de ses trollars, je sentais déjà que j’allais me faire salement torgnoler.

- Alors, les pisses-laits… ça gazouille ?
- Rom… Laisse-nous tranquilles, Rom. On cherche pas les embrouilles.
- Ok, file-moi tes écrevisses et tu peux y aller...
- Va brouter ailleurs !
- Alors je vais te le dire autrement. File-moi les écrevisses ou je te ramone le renifloir !
- Sale Grognar !
- Ouch !
- Hé ! Fais pas ça, Enïme !

Enïme fut la première à réagir, elle lança une pierre sur la sale face de Rom, son sang n’avait même pas commencer à couler qu’il hurlait de rage !

- Je vais t’étripailler, la pisseuse !
- Laisse-la...
- Alors c’est toi qui vas manger, pet de trogg !

Rom et ses deux compères me jetèrent sur le sol et me martyrisaient de leur sauvagerie, je ne pouvais pas me défendre.

- Prends ça, mâche-crotte !
- Arrêtez ! laissez-le !
- Dégage ! ( torgnolant Enïme de plein fouet )
Tu es bien le digne fils de ton père, un nain inutile, la honte des forges de notre royaume ! Pendant que moi je deviendrai Maître des Runes de notre Royaume, toi, tu torcheras le cul des béliers. Ah ah ah !     ( s’en allant avec ses trollars )
- Est-ce que ça va, Redwïn ? ( m’aidant à me relever )
- Ouais… et c’est pas grâce à toi. Tu pouvais pas te tenir tranquille ?
- Mais...
- Rentre chez ta grand-mère, maintenant !
- Tiens, prends mes écrevisses.
- Garde-les...
- On se voit demain...hein ? Tu es toujours mon ami ?
- A demain, fouinette.

Les jours, les lunes, les saisons, s’enchainèrent...
Durant une longue année, je continuai d’apprendre le travail du métal et des Runes auprès de mon père, démontrant un instinct et une habileté dignes des plus grands forgerons… … Pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’éprouver de la honte et de la colère envers ce père qui refusait obstinément de m’enseigner la forge de bataille.
Et c’est en secret, dans la forge qu’Enïme m’avait aidé à construire…
...  Que j’ai créé ma première hache de combat Runique, trois jours après mes quatorze ans.

- Elle est un peu de traviole, ta rune, là.
- On s’en fiche, Enïme ! L’important, ce n’est pas de graver une jolie Rune, mais une Rune en harmonie avec l’essence de l’acier. Tais-toi, maintenant, je dois me concentrer.

Peu après l’avoir terminée, je pris une grosse pierre pour tester la puissance de la Rune.

- C’est du Mithril… Tu devrais peut-être commencer avec une roche plus tendre.
- Pas si je veux devenir le plus grand forgeron de notre peuple ! HAN ! ( frappant le mithril de toutes mes forces )

J’avais échoué...
Et au cours des deux années suivantes, j’ai échoué encore et encore. Chaque fois l’acier s’ébréchait, mes Runes étaient trop faibles !
Chaque échec renforçait ma détermination à laver l’honneur de ma lignée. Ainsi que ma rancoeur envers mon père, avec qui je continuais de travailler.
Le jour où ce broutar de Rom est parti étudier dans son école de combattants, la plus prestigieuse et la plus chère de notre royaume… c’est à ce moment-là que tout a basculé pour moi… Et il m’adressa un dernier mot avant de partir pour Forgefer, un mot qui me faisait bouillir de rage !

- Je vous enverrai à toi et à ton lâche de père des invitations pour mes combats dans l’arène, quand je serai sacré Maître des Runes !

J’ai pris une décision qui devait bouleverser ma vie et celle de ceux que j’aimais.

- Ne fais pas attention à lui… c’est qu’un trousse-pet sans talent.

Je compris que, malgré tous mes efforts, je ne parviendrais jamais à forger une arme puissante sans l’aide d’un véritable maître. Et ce maître ne serait jamais mon père. Alors que j’avais fini mon dernier travail à la forge, Enïme vint s'adresser à moi.

- Dans une lune, tu seras en âge d’entrer dans l’école de forge… je ferai ton gâteau préféré.
- Je vais partir, Enïme.
- Partir… Où veux-tu aller ?
- Je ne sais pas encore, mais je dois apprendre la forge de bataille pour devenir Maître des Runes… je ne laisserai pas cet honneur à Rom.
- Redwïn, Rom est un idiot… Il n’en vaut pas la peine.
- Et qu’est ce qui en vaut la peine, alors ? Tu veux que je passe le reste de ma vie à gâcher mon talent en forgeant des outils ?!

Rom est sans doute un crétin, mais il a raison pour une chose !

- De quoi tu parles ?
- Mon père est un lâche… sinon pourquoi gaspillerait-il son savoir à faire des pelles et des pioches ?
- ( Ouvrant une porte ) C’est vraiment ce que tu penses, fils ? que je suis un lâche ?
- Où tu vas ?
- Laisse-moi tranquille !
- Maître Ulrog, je suis désolée… il ne pensait pas ce qu’il disait.
- Il le pense, Enïme... … Rien n’est plus faux, mais il le pense vraiment.

Je marchais péniblement jusqu’à être arrivé à ma forge, quand soudain, je vis quelque chose de très désagréable, quelqu’un était là.

-  DE LA FUMÉE ! IL Y A UN MARGOULIN DANS MA FORGE !!!

Je pris un vieux bâton de marche et me dirigea vers la porte sans plus tarder, je vis un nain assez étrange, il portait des vêtements presques similaires à ceux d’un montagnard.

- (Ouvrant la porte)Qui t’a autorisé à pénétrer chez moi ?

L’individu me faisait dos, il était en train de tisonner le feu de ma forge et de se réchauffer.

- Cette… étable à béliers, c’est chez toi ?
- Sors d’ici ou tu vas tâter de mon gourdin ! ( brandissant mon bâton )
- Non… il fait froid et le blizzard menace, ça serait pas bien prudent. On va devoir cohabiter pour cette nuit.
- Je t’ai prévenu… tant pis pour ta caboche !

Et alors que je frappa vers sa tête, il se retourna… et de sa cape qui flottait en l’air, je vis deux brassards en argent… il dégaina une lame en mithril massif du brassard attaché à son poignet gauche et trancha mon bâton d’un coup net et précis, brisant ma garde et il retourna ensuite sa lame sous ma gorge me laissant à sa totale merci.

Il me faisait penser à mon père, la même barbe et la même coiffure, un visage qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Pourtant, lui avait une corpulence et des muscles plus développés.


- Je vois qu’Ulrog est resté fidèle à lui même et ne t’a pas enseigné le combat.
- Qui êtes vous ?
- ( Rangeant sa lame dans son brassard )Tu ne te souviens vraiment pas de moi ? C’est vrai que la dernière fois que je t’ai vu, tu n’étais pas plus haut que la table.
- Votre visage me dit quelque chose.
- Toi et moi, nous sommes du même sang, Redwïn.
- Alors tu es mon oncle Jarsen Brise-Fer ?
- La prochaine fois que tu attaques, essaie au moins de coordonner ta jambe et ton bras. Sans appui, une attaque ne vaut même pas la peine d’être portée. Allez, viens t’asseoir, on va tiser une petite prune…

Je mettais la table et le préparais le souper pendant que mon oncle sortait quelques vins d’une excellente qualitée. Peu après, nous passions à table.

- Comment va mon frère ?
- Il va bien. Jarsen, dis-moi, je peux te poser une question ?
- Hum  ?
- Pourquoi il ne veut pas forger d’arme...
- Je ne sais pas, Redwïn… je ne l’ai jamais compris. Nous avons forgé quelques haches de bataille ensemble, lorsque nous étions jeunes, puis il arrêté, sans aucune explication. Notre père était furieux, mais Ulrog est têtu… C’est de famille… Il n’a plus forgé d’arme… Moi, j’ai continué, je n’avais pas le talent d’Ulrog, mais je me suis accroché et je suis devenu un Maître de Forge riche et respecté.
- Jarsen, pourquoi tu es venu jusqu’ici ?
- Je n’ai pas encore de fils...mes apprentis ont du talent, mais ils ne sont pas de mon sang, de notre sang. Alors, je me suis que peut-être tu accepterais de venir avec moi, je t'introduirais auprès des puissants de notre royaume.
- Je suis désolé, Jarsen, mais je ne veux pas devenir Maître de Forge… Je veux être un Maître des Runes.
- C’est tout à ton honneur, mais il y a beaucoup de prétendants, presque autant de morts, et peu d’élus… ( il pris la première hache que j’ai créé ) Dis-moi, c’est toi qui as forgé cette hache de bataille.
- Oui, mais je n’arrive à rien… le tranchant s’émousse.
- Je ne parviens pas à inscrire mes Runes jusqu’au coeur de l’acier, elles restent superficielles...
- Tu utilise des Runes classiques ?
- Oui...
- Et pour ton four, tu as utilisé un mélange réfractaire ?
- Non, seulement de l’argile séché.
- Et malgré ça, tu as réussi à produire cette arme tout seul, guidé uniquement par ton intuition, stupéfiant...
- Que veux-tu dire ?
- Ton four ne reste pas chaud assez longtemps et la température doit fluctuer, mais surtout, tu utilises des Runes avec un faible pouvoir… ( il me donna un étrange livre aux pages, non de papier mais de métal )
- ( Prenant le livre ) Qu’est-ce que c’est ?
- Un Thésaurus Runique, rédigé par Gödruc Brise-Fer, l’un de nos plus glorieux ancêtres… maître forgeron des plus illustres guerriers, et Maître des Runes de Forgefer pendant soixante-deux ans… c’était un sacré cognar, bien qu’il fût oublié de nos jours, suite au déshonneur de ton père. Tu y trouveras les véritables Runes de batailles utilisées par les plus grands Thanes du Royaume…
- Mon père connaît ces Runes ?
- Ulrog sait tout ce qu’il y a à savoir sur la forge Runique, notre père y a personnellement veillé.
- Pourquoi ne me les a-t-il pas enseignées ?
- Lui seul peut répondre à ta question, Redwïn.( Regardant mes outils ) J’aimerais voir ce que tu vaux...
- Maintenant ?
- Pourquoi pas ? Ton four ne sera pas un problème, si tu n’utilises que l’âme du bois, la température devrait être suffisamment élevée et stable… ( peu après ) Plus important que la puissance de tes coups, fais chanter le métal, laisse-toi guider par la mélodie de l’acier...

Alors nous nous sommes mis à forger… et pour la première fois de ma vie, j’ai compris ce qu’était le véritable pouvoir des Runes de Bataille.

- Quand les Runes sont incandescentes… donne-leur le souffle de vie. ( je soufflais sur les Runes que j’avais gravées sur la surface de ma lame )

J’étais emporté, comme enivré. L'énergie modelait le métal qui prenait vie sous mes coups, il pulsait, se contorsionnait comme s’il voulait m’échapper...

- Dans le tranchant de ton arme est contenue toute la quintessence de sa puissance, si tu brises le fil, tu brises l’harmonie de ton arme.

Mon père jouait avec un pouvoir subtil, une mélodie à peine perceptible alors que les Runes de Bataille de mon oncle roulaient dans ma tête comme une cascade déchaînée, ravageant tout sur leur passage.
Le plus dur était de ne pas être emporté…

- C’est encore loin d’égaler les meilleures lames des Maîtres de Forge de Forgefer, mais c’est une arme plutôt valable...

Nous avions passé quatre jours à travailler ensemble. Quand la lame était prête, je ressorti de la forge et alla me mettre à la pierre de Mithril que je tentais de briser chaque fois que je faisais une nouvelle hache.
A peine je brandis l’arme que les Runes se mirent à produire des fragments de pierre, un liquide de métal sortit des Runes et recouvrait la lame telle des écailles de Drake. J’avais gravé sur mon arme la puissance de basiques Runes Terrestres mais néanmoins extraordinaire.
Je n’eu même pas besoin de forcer avec toute la force de mes bras, et d’un simple coup, la pierre de Mithril éclata comme un explosif gnome, puis le métal revint dans les Runes, qui laissait de nouveau la lame à nue.

- Viens étudier avec moi, avec mon savoir et ton talent, nous forgerons pour les plus grands Thanes ! Tu deviendras riche et reconnu.
- Je t’ai déjà donné ma réponse.
- Tu veux devenir Maître des Runes… Mais avant ça tu dois maîtriser la forge de bataille et le combat, je peux te les enseigner ! Après tu feras ton choix.
Je ne te retiendrai pas si tu penses que c’est là ton destin.
- Je dois y réfléchir...
- Entendu, fils. Ma porte te sera toujours ouverte.

Fin du Chapitre 1