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 Une incursion en enfer (Part 1)

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Hézion

Hézion

Messages : 1
Date d'inscription : 16/08/2018
Age : 36
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MessageSujet: Une incursion en enfer (Part 1)   Une incursion en enfer (Part 1) Icon_minitimeJeu 16 Aoû - 2:31

" Il a cogné fort c'lui-là. "
 
Hézion avait encore les oreilles qui sifflaient en marmonnant ça avec son accent nain inimitable.
Il faut dire que le coup de plat d'épée qu'il venait de prendre sur le côté du crâne l'avait bien sonné; quelle idée de ne pas porter de casque quand on charge seul toute une troupe de démons…
 
Le genou encore à terre, le regard pas encore tout à fait fixé, la main droite du nain cherchant encore inconsciemment son arme qu'il a laissée tomber par ici, il lui fallut un instant pour se ressaisir. Juste assez pour brandir le manche en métal de son marteau, attrapé à l'envers, qui émit un son clair en déviant le coup d'épée porté par un énorme démon qui chargeait le paladin.
Le nain profita de l'élan que l'impact donna au bout du manche de son marteau pour relever le poids et l'enfoncer dans le buste de son adversaire, qui se plia en deux. Hézion n'eut plus qu'à l'achever, expulsant violemment du bout de la garde le casque du démon, avant de retourner son marteau pour l'abattre sur le crâne de son ennemi presque à terre, et lui exploser la boîte crânienne au sol, lui tachant les bottes au passage.
Les trois derniers démons qui restaient faisaient moins les malins tout à coup, dix mètres plus loin, alors qu'Hézion se redressait en passant le dos de sa main gantée sous son nez dégoulinant de sang, qui faisait lentement virer au rouge sa barbe blonde délavée…
Le nain jeta un regard mauvais à la trainée ensanglantée laissée sur son gant, puis cracha au sol les quelques gouttes de sang qu'il avait dans la bouche.
Il savait que le reste de la section de la Main d'Argent avec laquelle il avait débarqué sur les Îles Brisées n'allait arriver que d'ici une ou deux minutes, alors même épuisé, il n'avait pas le choix: il fallait au moins tenir bon, au mieux achever les trois démons restants. Au moins, la vingtaine de cadavres sur laquelle Hézion marchait pour s'approcher d'eux aura fait son petit effet; les démons ne chargeaient plus, de quoi laisser au nain le temps de reprendre son souffle en s'approchant d'eux d'un pas lent.
 
 
 
Quand Dramath arriva cinq minutes plus tard, Hézion était en train de finir de se soigner, assis sur trois cadavres de démons empilés. Le draenaï, qui menait la section, à l'inverse des autres jeunes paladins derrière lui qui avaient l'air horrifiés en contemplant la scène chaotique du sillage de morts laissé par le nain, semblait inquiet pour son ami déjà en train de reprendre la route, son marteau à la main, un gros sac contenant trois autres armes dans l'autre qu'il bascula sur son épaule…
Après un moment les lèvres pincées à se demander ce qu'il allait bien pouvoir faire, Dramath rejoignit d'un pas pressé le nain qui marchait d'un air déterminé, en faisant signe aux autres de le suivre. Toute la petite troupe marchait alors sur un sentier lugubre dans un bruit de fond de cliquetis d'armures et un silence gêné. Certains jeunes chuchotaient entre eux en lançant des regards vers le nain et le commandant à côté de lui, se demandant peut-être ce qu'ils faisaient tous ici. Pour eux, la mission prévue dans deux jours qui avait pour but de faire une simple reconnaissance complémentaire aux alentours d'un vaisseau de la Légion récemment arrivé au sud d'Azsuna afin de préparer l'installation d'un avant-poste avait été avancée pour "limiter les risques de détection". Enfin, ça, c'est ce que le commandant Dramath avait prétexté. En vérité tout le monde s'était rendu compte de la disparition du camp du nain, et les liens amicaux entre le commandant et lui étaient assez flagrants; le vieux paladin n'avait presque rien dit depuis leur départ pour les Îles Brisées, ni dans le camp où ils étaient restés quelques jours pour préparer leur mission, et la plupart trouvait que son ajout aux effectifs au dernier moment semblait quelque peu étrange, plus encore maintenant que tout le monde devait suivre le nain en terres hostiles comme on suit un enfant qui fait un caprice pour éviter qu'il ne fasse une bêtise.
 
"Mon ami, Hézion, il faut qu'on parle tu ne crois pas?" Dramath n'avait jamais vu son ami comme ça, froid envers ses amis, et bouillonnant de rage à l'intérieur. Pourtant il savait ce que traversait Hézion, et il avait bien une idée sur la raison qui l'a poussé à insister toute une heure durant pour rejoindre sa section.
" 'z'êtes pas obligés d'me suivre, tu sais? répondit le nain après quelques secondes.
- Mon ami, tu devrais te reposer un peu. Nous pourrions en parler autour d'un feu et de quelque chose à manger. La nuit va bientôt tomber, ce n'est peut-être pas une bonne idée de continuer, et tu fais peur aux plus jeunes de l'équipe.
- 'z'avez qu'à rester en arrière.
- Et penses-tu vraiment que c'est une bonne idée?
- La seule bonne idée pour moi, c'est d'pas perdre de temps." conclu Hézion en pressant un peu le pas pour laisser derrière lui le draenaï en armure claire ornée de gemmes violacées.
Dramath souffla en secouant légèrement la tête. Il savait les nains têtus mais celui-là méritait une médaille. Après un petit regard par-dessus son épaule pour s'assurer que tout le monde suivait, il se rapprocha des rangs en ralentissant quelques instants. Mieux valait ne pas tenter de raisonner le vieux barbu pour l'instant, tant que son chemin coïncidait avec celui de la mission…
 
 
 
Il fallut une bonne heure de marche pour rejoindre les abords du point d'impact du vaisseau de la Légion et le soleil commençait à baisser dans l'horizon. Etrangement, la troupe n'avait rencontré aucun démon vivant sur la route, seulement quelques cadavres dont le sang n'était pas encore sec.
Hézion, un genou à terre à côté d'un large arbre mort, s'appuyant sur son marteau, scrutait la base du vaisseau, à environ cent cinquante mètres de là, et vingt mètres en contrebas. La butte sur laquelle il se tenait faisait un parfait point stratégique, donnant une bonne couverture et difficile d'accès depuis le vaisseau.
Dramath s'installa à côté du nain.
" Que vois-tu mon ami? lui demanda-t-il.
- Regarde, répondit Hézion en décrivant des cercles avec son index, ils sont pas v'nu là pour installer un nouveau portail d'invocation. Tu vois comment ils s'déplacent? Ils tournent en rond autour du vaisseau, et c'est pareil plus loin.
- Tu penses qu'ils…   Cherchent quelque chose?
- Quelqu'un. Ils cherchent quelqu'un! affirma le nain en empoignant son marteau.
- Hézion, écoute, je sais ce que tu espères, mais j'aimerais vraiment que tu réfléchisses avant de foncer tête baissée en bas. Les démons sont très nombreux, et nous ne sommes théoriquement pas venus ici pour nous battre. Regarde, certains de mes paladins sont jeunes, très jeunes, et je ne veux pas prendre de risque inutile, tu comprends?
- C'est d'jà gentil d'être venu jusqu'ici Dramath, mais j'ai…
- Quelle image aurait-je donné à mes hommes si je t'avais laissé partir en territoire ennemi sans rien faire, seul? répondit le draenaï en interrompant son camarade. Je sais que tu t'accroches à l'espoir de retrouver ton frère, et j'ai entendu la rumeur de ce démon qui prétend avoir torturé un nain lui ressemblant à bord d'un vaisseau comme celui-ci, mais penses-tu vraiment que cela vaille la peine de sacrifier de bons soldats, de jeunes paladins, pour suivre des hypothèses fumeuses?
- J't'ai pas d'mander d'me suivre! objecta le nain.
- On - abandonne - pas - un frère d'arme," répliqua le commandant en haussant le ton, commençant à s'agacer.
C'est à ce moment précis qu'une voix familière retenti au loin. Une voix ressemblant à s'y méprendre à celle d'Hézion, l'accent aussi. Dans le fracas des armes au loin et les hurlements des démons en contrebas s'appelant les uns les autres, on entendit distinctement le cri de guerre d'un nain: " V'nez tâter d'mon marteau, bande de peaux-rouges! "
Le poing d'Hézion se resserra sur son arme et, les yeux écarquillés, rivés sur l'amas grandissant de démons qui se formait à deux cents mètres sur leur flanc arrière droit, comme tout le monde d'ailleurs, il eu un sourire en coin, légèrement narquois.  " On n'abandonne pas un frère d'arme, hein? "
 
 
 
Hézion commença à faire le tour de la butte, à petites foulées, alors que Dramath, qui avait dégainé son épée, resta là en interpelant le nain.
" Arrête un instant, c'est de la folie! On ne sait même pas combien ils sont, on a aucune idée de ce qu'il se passe là-bas.
- Mon frère est là-bas, ça m'suffit!
- Hézion, nous sommes à peine plus d'une vingtaine, et ils ont l'air d'être plus d'une centaine là-bas, et le même nombre arrive du vaisseau!
- Il nous faut un plan alors, souligna le nain d'un ton rhétorique, j'avais oublié qu'le commandant est pas du genre à agir à l'instinct…
- J'ai peur que le sarcasme n'ait que peu d'effet sur cette marée de démon mon ami. Pourquoi ne pas les prendre à revers? Laisser passer la seconde vague venant du vaisseau et les contourner sur leur flanc gauche, ils n'attendent pas l'arrivée de qui que ce soit par là.
- Mauvaise idée, protesta Hézion, en train d'ouvrir d'une main le sac au sol plein d'armes qu'il avait amené jusque là, plus c'est épais plus c'est dur d'trancher d'dans. On va barrer la route à ceux qui arrivent.
- Mais comment veux-tu faire? répliqua le draenaï, de plus en plus inquiet, voyant la marée de démon s'éloigner vers la droite du vaisseau après s'être regroupée entre lui et la troupe de paladins, ils sont au moins une centaine, et nous vingt-trois, en t'incluant.
- Je compte pour dix. se vanta le nain en tapant de son marteau sur son plastron taché de sang. Ils vont devoir passer par la route, là-bas, les reliefs autours serviront de goulot d'étranglement. Une fois coincés là, ils f'ront pas d'mi-tour, ils sont trop bêtes pour contourner c'qu'ils considèrent comme éradicable.
- Il faut que nous en soyons sûrs. Hézion! cria Dramath alors que son ami redescendait déjà la butte en direction des hommes qui attendaient plus bas.
- Pas l'temps!" répondit-il en jetant sans s'arrêter sur sa lancée Ultimatum, l'un de ses massifs marteaux de guerre à peine sorti de son sac, à Teiron, un jeune haut-elfe, qui l'attrapa maladroitement. L'elfe fixa un instant avec fascination l'arme qui sembla vibrer un très court instant entre ses mains alors qu'il commençait à peine à la serrer. Il n'en avait jamais vu de pareil, ou peut-être dans des gravures, et il avait l'impression que le marteau lui-même avait accepté d'être manié par lui. C'était assez pour qu'il gonfle le torse avant de commencer à suivre le nain. La situation était claire. Quelqu'un était en danger, et aucun de ceux qui composaient la section du commandant Dramath n'avait intégré l'ordre de la Main d'Argent pour jouer les couards.
Jolnos, un humain d'une trentaine d'années à la barbe rousse de cinq jours, reçu une magnifique épée, qu'un nain pourrait considérer comme longue, mais lui pouvait la manier comme une épée bâtarde; peut-être que son mètre quatre-vingt-dix aidait un peu à cet effet. L'épée, dorée, était très clairement faite d'un alliage à base de sancteforge, et peut-être de mithril au vu de sa légèreté, et était assurément un merveilleux catalyseur de Lumière. L'homme, qui attendait que le commandant passe devant lui pour suivre la marche, la mania un instant, la sous-pesant, avec un air de surprise et de consentement mêlés, particulièrement satisfait de constater à quel point l'arme lui seyait.
Il était vrai que le nain était, paraissait-il, un forgeron réputé, même chez les nains; même si savoir cela n'empêchait pas de remarquer la surprenante qualité des armes qu'il avait embarquées avec lui.
Mais les hommes n'eurent pas le temps de s'attarder sur l'épée et le marteau prêtés par le vieux paladin qui finissait sa course juste après un croisement de route.
L'endroit était parfait, Hézion avait raison: d'un côté de la route, une saillie de roche, très abrupte et élevée, difficilement contournable, et de l'autre, un ravin. Les démons ne mettraient pas longtemps à arriver, il fallait se placer rapidement. Il traça au sol une ligne du bout du manche de son marteau, d'un bout à l'autre de la chaussée de terre battue, finissant à la fin du coude de la route sur un arbre au bord du ravin.
Dramath comprit immédiatement et hurla les directives pour que tout le monde se place en ligne derrière la démarcation, les porteurs de boucliers au premier rang, avant que tous ne commencent à entendre le vacarme grandissant de la horde démoniaque en route vers eux.
Les paladins et les démons ne se verraient qu'au dernier moment, quand les renforts de la Légion passeraient le virage au croisement des routes, derrière le relief qui servirait de rempart naturel…
Certains avalaient leur salive, d'autres commençaient à psalmodier des prières de soin ou des chants de guerre à mi-voix. Quelques secondes encore, et la menace serait là. Le commandant Dramath donnaient ses dernières instructions un piétinant derrière la premier ligne de boucliers. Il se voulait rassurant, mais savait que quelques uns de ses soldats, très jeunes, étaient terrifiés. Personne ne devait céder. Le goulot naturel était assez étroit pour contenir une troupe de deux cents ennemis à eux seuls. Ils pouvaient y arriver, il fallait simplement que personne ne cède.
Et alors que les grognements des démons se faisaient distincts, la voix d'Hézion interpella Teiron et Jolnos: " Toi, et toi, avec moi! leur cria-t-il.
- Hézion, qu'est-ce que tu fais?! maugréa Dramath à mi-voix, de peur d'être repéré par les démons qui seraient là d'une seconde à l'autre. Il faut qu'on tienne la position!
- C'est faisable à moins qu'ça! répondit le nain en criant, déjà loin. Maskar est là-bas!"
Le draenaï, après un soupir, acquiesça pour signifier à ses deux hommes, qui attendaient son approbation, qu'ils pouvaient le suivre.
Il serra les dents et les poings sur son épée, mais l'heure n'était plus à l'agacement.
Un diablotin apparut et stoppa net, visiblement surpris de tomber sur un barrage de paladins de l'Aube d'Argent, et fut rapidement bousculé par un gangregarde, lui aussi surpris, mais qui ne s'arrêta pas, préférant charger en hurlant quelque chose en érédun derrière lui.
Le commandant brandit sa grande épée haut au-dessus de sa tête et commença à se charger de Lumière.
" Azeroth ne tremblera jamais devant les aboiements de la Légion! Aucun démon ne passera cette ligne! PAR LA LUMIERE! "
 
 
 
Hézion, Teiron et Jolnos couraient encore alors que les chocs des armes des démons se fracassant sur la ligne de défense commençaient à résonner derrière eux.
Le nain avait glissé la dernière arme du sac sous sa ceinture, un gros marteau de forge finement travaillé, qu'il appelait affectueusement Amantine. Teiron quant à lui avait toujours son épée au fourreau alors qu'il courait avec Ultimatum à la main, tout comme Jolnos d'ailleurs, qui lui comptait en plus trois petites dagues bénies bien fixées dans des rangements à l'arrière de sa ceinture.
Le trio commençait à entrevoir un amas de démons, en train de s'acharner sur on ne sait quoi, derrière des arbres.
Les démons étaient occupés pour l'instant, mais le bruit de la bataille qui démarrait plus bas allait attirer leur attention et le nain s'en doutait. Il sortit de la route pour couper à travers les arbres, ne se tournant même pas pour vérifier que les deux paladins qui le suivaient feraient de même. Son regard était fixé sur l'attroupement, les sourcils froncés, l'air grave. Depuis le dernier cri de son frère, il n'avait rien entendu d'autre que des grondements et autres rugissements démoniaques. Mais un nouveau cri de guerre le rassura très vite alors qu'ils arrivaient bientôt à portée de charge:
" Alors ça fait quoi d'se dire qu'on mangera plus que d'la soupe? Hey! Il te reste encore une dent là! Hahaaaaa! "
C'était Maskar! Il était vivant! Le jeune elfe et l'humain se lancèrent un regard alors que le nain fonça en levant Ebrämnir, son marteau de guerre d'un métal noir orné à l'arrière de son poids de trois pierres chargées de Lumière. Son cri de guerre durant sa charge désorienta les démons qui cherchaient déjà à comprendre d'où venait la clameur des combats vers la route, et, déviant une attaque pour passer sous la lance qu'un érédar avait tenté d'abattre sur lui, il écrasa le sabot d'un autre de son marteau en consacrant le sol autour de lui dans un flash de lumière qui aveugla tous les démons alentours.
L'effet de surprise aura fonctionné.
Teiron et Jolnos, tous deux armés par le nain, suivirent juste derrière lui.
L'elfe se sentait étonnamment à l'aise avec un marteau, une arme qu'il avait pourtant peu maniée. Le principe de pouvoir repousser un ennemi avant d'écraser le crâne d'un autre convenait bien à ses mouvements, et il ne pouvait s'empêcher de s'en étonner. Un elfe avec un marteau de guerre, qui l'eut cru?
La plupart du temps, il ouvrait la garde d'un démon avant que son camarade, Jolnos, ne lui tranche un membre ou la tête, ou ne lui plante son épée quelque part.
L'humain lui, se servait plus souvent des pouvoirs de la Lumière alors qu'il s'était rendu compte que l'épée rendait l'exercice particulièrement facile.
Les démons, qui n'avaient rien vu venir, eurent beaucoup de mal à encaisser cet assaut et une première dizaine d'entre eux furent littéralement écrasés par l'implacable charge des trois paladins.
Le trio trancha dans les lignes de démons jusqu'à arriver au centre de l'attroupement en quelques secondes.
Après quelques coups bien placés sur deux démons qui lui barraient la route, Hézion aperçu son frère, seulement équipé de brassards en métal et de son marteau à manche court, les pieds nus, en train de marteler le visage d'un démon qui vraisemblablement avait déjà expiré avant de jeter un marteau de Lumière sur un gangregarde qui le chargeait en face de lui.
" On n'm'interrompt pas quand j'passe mes nerfs! " hurla-t-il de rage.
Les yeux d'Hézion brillèrent d'un bonheur inespéré. Enfin! Il avait enfin retrouvé son frère! Et le marteau de justice qu'il dût lancer sur un gangrechien qui chargeait le vieux nain en guenille dans le dos n'atténua pas un brin ce qu'il pouvait ressentir à cet instant.
 
Maskar n'était pas seul en réalité. Un autre nain, un troll, un orc, et un elfe de la nuit étaient en cercle en train de défendre leur position. Tous en guenilles, l'air fatigué, et faméliques, ils semblaient avoir tout juste réussi à s'enfuir de leurs geôles, et tous n'étaient pas armés.
L'orc avait récupéré l'arme d'hast d'un démon, le troll et le kal'doreï étaient des druides et jonglaient entre plusieurs formes animales, et le dernier nain se battait avec une paire de dagues, apparemment des dagues sacrificielles sûrement volées à un inquisiteur de la Légion.
Le petit groupe de fugitifs arrivait de moins en moins à tenir leur position quand le trio de paladins arriva jusqu'à eux.
Hézion, en hurlant son nom, vint attraper le bras de son frère en levant Ebrämnir, prévoyant la contre-attaque réflexe de Maskar, qui fit claquer son arme dessus dans un sursaut de surprise.
Leurs regards se croisèrent, et les deux éclatèrent de rire alors qu'ils se mirent dos à dos pour mieux se couvrir l'un l'autre…
" T'en a mis du temps p'tit frère, s'étonna Maskar, la barbe hirsute et les cheveux détachés.
- J'trouvais pas ta brosse-à-dents, tu vas en avoir besoin, rétorqua le cadet en assénant un coup verticale sur un gangrechien.
- Qu'est-ce que t'insinues frangin? demanda le vieux fugitif en jugeant un assaillant.
- Que t'aurais aussi bien b'soin d'une douche! ricana Hézion. Et d'un peigne tant qu'on y est. Nan mais t'as vu ta barbe?
- Ho ça va hein? On a plus urgent à gérer! Vous êtes venus qu'à trois d'ailleurs?
- Nan, j'ai rejoint une section de la Main d'Argent pour rev'nir sur les Îles Brisées, le reste des gars est en train de repousser les renforts d'la Légion plus loin. annonça-t-il en parant un coup de hache avec le manche de son marteau au-dessus de sa tête.
- Et les autres, ils sont au courant? "
Hézion écarquilla les yeux à la question de son frère aîné. Il avait bien envoyé un message à leur frère benjamin, Hiktif, mais il se rendait compte qu'il n'avait même pas pensé à laisser une lettre, voire même un simple mot à l'attention des membres l'ordre qu'il a rejoint il y a quelques mois, les Implacables. De toute façon, il n'avait pas trop le temps de se lamenter. Les démons qui les entouraient repassaient à l'attaque, tous ensemble.
 
 
 
" Il a frappé fort c'lui-là. "
Il fallait dire que Maskar n'était pas au meilleur de sa forme. Il aurait pu mettre ça sur le dos de la visibilité déclinante due au crépuscule, de l'énorme hématome autour de son œil droit qui lui avait fait enflé les paupières et lui diminuait une partie de la vue, ou alors d'une goutte de sueur dans l'autre encore valide, mais la vérité était que le Thane du clan Hadd était fatigué, de plusieurs jours de cavale sans dormir après plusieurs semaines de tortures incessantes, ou était-ce des mois?
Heureusement que son frère cadet était arrivé; l'éred'ruine n'eut pas le temps d'asséner un autre coup de poing à son aîné, repoussé par un violent coup de marteau dans les côtes avant de s'embraser dans la consécration du paladin en armure sombre, aux motifs étincelants d'une lumière sacrée. Hézion et ses deux camarades se battaient comme des diables; ils savaient les fugitifs à bout de forces, et il fallait compenser. Les deux druides étaient de moins en moins mobiles, campant de plus en plus sur des positions défensives, sous forme d'ours, et l'autre nain à la barbe noire et trop courte pour en être fier avait disparu. Seul l'orc, au regard toujours aussi déterminé, faisait tournoyer la vouge démoniaque qu'il avait arrachée des griffes d'un gangregarde quelques temps plus tôt, en découpant têtes et membres de démons à tour de bras.
Maskar secoua la tête pour se ressaisir, resserrant sa poigne sur la garde de son marteau. Ils avaient un nouvel espoir, ils pouvaient s'en sortir, alors, ils auraient tout le temps de se reposer plus tard. Avec l'espoir, le courage l'inonda de nouveau, ainsi que la Lumière. Ses yeux se mirent à briller d'une lueur d'or alors que de son corps émanait une aura sacrée vaporeuse. Il écrasa son marteau sur un démon qui le chargeait en traître dans son dos et les ailes éclatantes de son courroux vengeur illuminèrent le champs de bataille. Et, après avoir projeté un marteau de Lumière sur un ennemi sur le point de prendre son ami orc dans un angle mort, il hurla: " Montrons à ses fils de troggs que mille agents d'la Légion Ardente ne valent même pas un seul d'nos combattants! Ceci est not' dernière bataille, et ce soir, nous dînerons en famille! "  {/HRP/ Petite aparté, que vous compreniez le clin d'oeil: "ce soir, nous dînons en famille" a été le cri de guerre de mon premier perso, à ce moment meneur des troupes du clan qui à l'époque, comptait pas loin de 20 combattants, lors du lancement d'un événement RP-PVP où la guilde et quelques alliés ont littéralement ENVAHI Lune-d'Argent pour récupérer un otage. Un event magnifique du début à la fin, et cette phrase clôtura le discours de motivation des troupes, et est restée très longtemps re-citée dans la guilde car elle faisait elle aussi un clin d'oeil à autre chose: le film 300, qui venait de sortir alors, et son fameux "ce soir, nous dînons EN ENFER!"   Voilà voilà, pour vous, ça vous aurait pas dit grand'chose mais pour ceux qui ont connu la guilde à l'époque, ça a été un TRES grand moment. /HRP/}
 
 
 
Dramath jeta un coup d'oeil à la ligne de front alors qu'il sortait du buste d'un érédar sa longue épée bénie. Tous ses paladins tenaient bon, et il était fier d'eux. Les vagues de démons se fracassaient sur les boucliers et la seconde ligne s'occupait de ceux qui restaient debout ou maintenait les défenseurs sur pieds. Une chose était sûre, ils avaient été bien formés.
Mais quelque chose serrait le cœur du commandant. Son instinct l'alarmait. Il allait se produire un événement imprévu, et il le sentait. Le hurlement inhumain et terrifiant venu du vaisseau tout à l'heure avait été l'annonciateur d'un -très gros- problème se rapprochant. Le sage draenaï avait bien remarqué que leurs adversaires n'avaient été jusque là que du menu fretin.
Il chargea encore un bouclier de lumière au-dessus de la première ligne pour contrer une salve de gangrefeu crachée par d'immondes créatures volantes au-dessus d'eux, pas trop nombreuses fort heureusement. Ses hommes n'avaient que deux harpons pour les ferrer et les attirer un à un au sol, leur départ précipité du camp ne leur ayant pas permis de bien préparer leur équipement, et il préférait se concentrer sur la masse de suppôts terrestres qu'ils devaient à tout prix empêcher de passer de toute façon.
Le bruit clair des armes s'entrechoquant et les rugissements de rage des démons étaient parfois ponctués par le hurlement d'un des assaillants jeté dans le ravin sur le côté de la route. Les paladins devaient garder un esprit tactique pour économiser leurs forces et le commandant y veillait en criant ses ordres entre deux coups d'épée. Après avoir paré une attaque horizontale d'un gangregarde, lui avoir envoyé le revers de son poing dans la figure avant de lui transpercer la gorge, Dramath lança un regard dans la direction qu'avaient prise Hézion et ses deux hommes, en se demandant combien de temps cette bataille allait durer. Là, un frisson lui parcouru l'échine, et le sol trembla très légèrement. Puis, pas à pas, de plus en plus fort. Quelque chose approchait. Quelque chose de gros. Il fit volte face, les yeux grands ouverts, peut-être un peu paniqué, guettant à l'angle du chemin l'arrivée de ce nouvel ennemi. Les démons se faisaient moins nombreux, et la première ligne allait bientôt pouvoir en finir, mais le draenaï savait que ce n'était que le calme avant la tempête.
Il remarqua d'abord des flammes vertes par-dessus le relief rocheux sur la gauche de la route sur laquelle ils avaient pris position. Il esquiva en pivotant un projectile de gangremagie et bondit sur l'érédar qui l'avait évoqué en le bousculant d'un coup d'épaule pour le gêner un instant avant de lui trancher l'abdomen, fixant plus souvent le coin de route que le champs de bataille. Chaque tremblement se faisait plus puissant, et les autres paladins le sentirent aussi. La première ligne en avait presque terminé, et la dizaine de démons restants était beaucoup moins hardie au combat qu'à l'engagement. Mais il était trop tard.
 
Une énorme lame apparut d'abord, presque longue comme un homme, au bout d'une lance, à deux mètres au-dessus du sol. Le démon qui portait cette arme devait être immense. Il s'arrêta avant que quiconque ne puisse le voir, et émit une sorte de long grognement, grave et métallique, qui donna la chair de poule à tout le monde sur le champs de bataille. Certains paladins s'échangèrent des regards anxieux tout en finissant les assaillants qu'ils avaient en face d'eux. Peu d'entre eux devinèrent le mouvement circulaire que l'énorme chose dessina en l'air avec la lame avant d'approcher, mais Dramath, lui, comprit vite. Il leva les yeux au-dessus d'eux en serrant les dents. Le nouvel arrivant avait invoqué plusieurs portails démoniaques dans le ciel. Après l'avoir marmonné, comme pour se convaincre, le draenaï hurla : " DES INFERNOS ! " Tous levèrent la tête et, pour ceux qui en avaient, le bouclier, par réflexe. D'énormes boules de pierres ardentes et corrompues chutaient en direction de la section de la Main d'Argent. La ligne de front se désolidarisa avant même que le commandant n'ait ordonné la retraite. Les paladins devaient fuir avant l'impact, et le draenaï suivit le mouvement, mais il ne put s'empêcher de lancer un dernier regard sur la route.
Un Seigneur des Abîmes, haut de plus de trois mètres, et qui venait de faire son apparition à l'intersection, croisa son regard. Les flammes sur le dessus de son crâne et suivant son épine dorsale s'intensifièrent alors qu'il poussa un immonde cri de guerre ressemblant plus à un rugissement qu'à des paroles, brandissant son immense lance vers le groupe de la Main d'Argent en train de fuir, en chargeant un sort offensif du bout de sa lance.
Dramath se retourna pour faire face à l'immense démon à quelques dizaines de mètres devant lui, en entamant l'incantation d'un sort sacré, ses yeux emplis de Lumière. Il savait que s'il ne le faisait pas, certains de ses hommes pourraient être touchés. Il calcula son timing pour s'assurer d'être calé sur l'attaque de la monstruosité qui ciblait ses frères d'arme. Et quand le démon relâcha un énorme trait de gangrefeu de sa lance, l'impact embrasa toute la route autour du paladin, et le submergea dans des flammes impies.
 
 
 
Quand les hommes du commandant chargèrent la horde de démons assiégeant Hézion et ses amis, celle-ci avait déjà été réduite de moitié. Les voir arriver fut un soulagement pour tout le monde, mais les deux frères Hadd, ainsi que Jolnos et Teiron, remarquèrent vite les mines effrayées des paladins qui venaient de les rejoindre.
Jolnos, dans la confusion de la bataille, attrapa le bras de l'un de ses camarades.
" Y'a eu un problème? demanda-t-il, inquiet.
- Il faut qu'on se tire d'ici! répondit son camarade.
- Ils ont fait s'écraser des infernos, rajouta un autre en repoussant un gangregarde déjà bien amoché, on a dû se rabattre ici mais 'faut pas trainer, on tiendra pas face à ces trucs.
- Et le commandant, il est où? lui demanda le rouquin après avoir tranché deux démons d'un coup de l'épée que le nain lui avait confiée.
- Il était juste derrière nous. Répondit le premier.
- Non, il s'est arrêté d'un coup, on sait pas pourquoi. " Ajouta encore un autre après avoir fait chuter un démon en lui tranchant l'arrière du genou avant qu'il ne se fasse exécuter par un de ses compagnons d'arme.
La situation était beaucoup plus critique qu'il n'y paraissait.
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Une incursion en enfer (Part 1)
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